« Créer du sens ». Que se cache-t-il derrière cette phrase qui pourrait faire figure de maxime ?

Par Sonia Pujolle, directrice de projet – rédactrice et Vincent Stilinovic, directeur associé.
Article publié sur le site de l’ADN

S’il vous arrive de traîner sur les réseaux sociaux (ce qui est fort probable, car 80,3 % de la population le fait), les Français passant en moyenne 1h46 par jour sur les réseaux (Source Blogdumodérateur) vous êtes forcément déjà tombé sur ce genre d’articles au titre accrocheur « Quitter Paris : ils l’ont fait et racontent leur nouvelle vie » ou encore « Elle change de vie pour élever des escargots dans le Lot ». Même si on peut s’en amuser, ces tranches de vie sont révélatrices d’une tendance bien réelle, l’envie d’exercer un travail qui a du sens, et même idéalement un impact positif.

Dans un entretien accordé à Ouest France en janvier 2023, la philosophe Julia de Funès le rappelait bien « Fidéliser les salariés ne suffit plus, il faut que l’entreprise crée du sens. » Le travail est de plus en plus perçu comme un moyen dans cette quête de sens, et plus comme une fin en soi. C’est un constat d’autant plus vrai chez les plus jeunes. « La raison d’être d’une entreprise est désormais incontournable (…) Si l’entreprise n’endosse pas à son profit un projet d’envergure (environnemental, humanitaire, social, etc.) authentiquement incarné, alors elle ne fait plus aucun sens » souligne encore l’écrivaine.

 

Des critères de choix très précis

Parmi les critères les plus cités pour choisir un emploi, on retrouve la localisation, le salaire, les missions proposées, la santé économique, mais aussi les valeurs de l’entreprise et l’image qu’elle dégage. Ce sont des critères qui ne cessent de prendre de l’importance. En 2017, seulement 51,3 % des sondés déclaraient choisir une entreprise pour les valeurs partagées avec elle, en 2022 ils sont 68 %, et tout laisse à penser que ce chiffre devrait continuer à monter.

Une personne sur deux déclare ne postuler à une offre d’emploi que si elle a une bonne impression de l’entreprise, d’où l’importance de soigner son image et sa marque employeur. La majorité des gens (76 %) se disent même prêts à changer de secteur d’activité si l’entreprise est attractive à leurs yeux. Attention il ne suffit pas de se déclarer entreprise attractive pour l’être. Les candidats, les salariés sont parfois assez méfiants quant aux déclarations des marques. C’est pourquoi de nombreux labels ont émergé comme le Great Place to Work, ou encore les labels RSE, qui permettent d’évaluer les entreprises sur des critères précis.

 

De l’importance du recrutement

La culture de l’entreprise n’est pas quelque chose que l’on peut décréter, définir du jour au lendemain. Il faut qu’elle soit en adéquation avec l’essence de l’entreprise. Elle doit être formalisée, s’illustrer dans des pratiques et surtout, il faut aussi que l’ensemble des salariés puissent y adhérer. Par exemple, Ikea développe une culture d’entreprise autour de son origine suédoise, son ingéniosité et sa robustesse.

Il faut aussi garder en tête que plus qu’une identité, qui peut évoluer avec le temps, c’est un sentiment, un sens du collectif que l’on cherche à forger.

C’est pour cela que le recrutement est capital. L’entreprise doit avoir des valeurs, savoir les communiquer, et ainsi attirer des talents qui partagent ces mêmes valeurs.

La culture d’entreprise est un point qui doit être mis en avant lors des entretiens d’embauche. Une fois embauché le salarié doit être formé à celle-ci. Au-delà d’attirer des talents, une culture d’entreprise qui fait sens permet aussi de fidéliser les salariés, faisant d’eux les meilleurs ambassadeurs.

Un des principaux objectifs de la culture d’entreprise, c’est que les salariés puissent s’approprier les valeurs, les bonnes pratiques et créer une cohésion entre les collaborateurs. Cela permet de limiter les conflits, créer une meilleure ambiance, et favoriser l’implication de chacun notamment dans des milieux très concurrentiels. Au-delà de l’ambiance, cela permet donc aussi de meilleurs résultats économiques, un salarié motivé par les valeurs de l’entreprise sera forcément plus efficace. A contrario, un manque de valeur, une culture d’entreprise peu affirmée voire une mauvaise ambiance pourront créer une baisse de motivation importante chez les salariés et donc une baisse dans les résultats. Selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail 50 à 60 % des journées de travail perdues seraient dues au stress, raison de plus pour créer une ambiance favorable.

L’équilibre vie pro, vie perso est aussi un critère qui prend de plus en plus d’importance. 52 % des Français ont le sentiment de passer trop de temps au travail au détriment de leur vie personnelle. De nombreuses entreprises ont tenté de pallier cette crainte, notamment avec plus de flexibilité dans les horaires, du télétravail, mais aussi en créant une ambiance de bureau la plus agréable possible. Les nouveaux immeubles de bureau proposent souvent de nombreux services qui vont bien au-delà du travail, comme une conciergerie, des salles de sports, des garderies permettant aux salariés de gagner du temps, et rendant la limite entre le pro et le perso plus floue. Mais attention à ne pas confondre, l’ambiance de travail, et ces à-côtés. Comme le souligne l’INRS, une bonne ambiance de travail, c’est un bon management, une charge de travail adaptée, des deadlines réalisables… Un baby-foot en salle de pause c’est bien, mais ça n’a rien à voir avec le travail en tant que tel.

 

Raconter l’entreprise 

Concrètement, quand on veut mettre en place une culture d’entreprise, il faut avoir quelque chose à raconter. Chaque entreprise a une histoire, il faut trouver la façon de la raconter qui fasse sens auprès des salariés. Chez Apple, il y a le fameux « tout a commencé dans un garage ». Bien entendu, il n’est pas interdit de s’accorder un élan lyrique pour enjoliver la vérité et la rendre digne d’un véritable mythe fondateur. N’hésitez pas, car une culture d’entreprise trop neutre n’est pas du tout différenciante.

Cette histoire doit ensuite être alimentée par des éléments concrets qui créent de la cohésion, cela va de la charte de l’entreprise, à des éléments plus fun comme des déjeuners d’équipes, du team building, des plénières internes dynamiques, des séries de vidéos type interviews, portraits ou motion design… voir des fictions type websérie. 

Une bonne ambiance est clairement un terrain favorable pour créer de l’émotion. Il n’y a pas de sens sans émotion, et ni d’émotion sans sens, les deux forment un cercle vertueux qui s’auto alimente. C’est cette émotion qui différencie une entreprise d’une autre, qui la rend unique et fait qu’un client, un candidat, se tournera vers elle plutôt qu’une autre.

Pour découvrir l’article sur le site de l’ADN, cliquez ici.

EnglishFrench