Une interview vidéo n’est pas un exercice facile. D’autant plus quand il s’agit d’interviewer des collaborateurs d’une même entreprise. Voici quelques conseils pour mener l’exercice au mieux.

Cet article a été publié sur le site de l’ADN.
21/12/2022

Convaincre de ne pas apprendre par cœur

Pour rassurer les collaborateurs avant leur prise de parole, il peut être tentant de leur communiquer le script. Si certaines personnes vont se contenter d’en prendre connaissance (décision judicieuse, car elle aura justement l’effet escompté : rassurer.) La personne se rendant bien compte qu’elle maîtrise parfaitement le sujet. D’autres au contraire vont chercher à apprendre par cœur, et c’est là que les problèmes risquent de commencer. En effet, réciter un texte par cœur de façon naturelle est un exercice bien plus difficile qu’il n’y parait. On a tous en mémoire le ton de la récitation en primaire (que ça soit les poésies ou les tables de multiplication), un ton parfaitement monocorde qui peine à capter l’attention. Apprendre par cœur c’est risquer de tomber dans cet écueil. On a tendance à se reprendre pour utiliser le mot exact, là où un synonyme ou une autre tournure de phrase aurait parfaitement fait l’affaire, et permettrait d’apporter du naturel ! En bref, apprendre par cœur c’est risquer le trou de mémoire, briser la spontanéité. Le prompteur peut être une alternative dans deux cas de figures uniquement. Sinon il casse aussi le côté naturel. C’est une bonne solution quand la personne a de multiples réponses courtes et qu’on mélange plusieurs intervenants pour un rendu très dynamique. Pour des discours plus longs, une très bonne maîtrise du prompteur est indispensable pour paraître naturel, mais si le thème est très technique, complexe, et que l’interviewé n’a pas de temps pour le préparer il restera une alternative judicieuse.

Mettre à l’aise

Selon votre contenu, vous pouvez choisir d’impliquer les collaborateurs dans le processus de création en les faisant participer à la rédaction du texte par exemple. De cette manière, la personne peut s’approprier le texte, même inconsciemment, pour le jour J. N’hésitez pas à appeler les gens en amont pour leur expliquer le déroulement du tournage (nombre de personnes présentes, dispositif technique, …) De cette façon la personne sera moins impressionnée en découvrant 10 techniciens et un fond vert ! Il y a en général plusieurs prises lors d’une interview filmée, cela permet simplement de corriger d’éventuelles petites erreurs (un point mal formulé, une expression de visage inadéquate, ou même un problème de son…). Deux à trois prises par questions est tout à fait normal. Prévenez vos intervenants pour lever toute mauvaise interprétation. Et bien entendu, patience, gentillesse, sont les maîtres mots !

S’adapter !

Il est possible que le collaborateur ait l’impression d’être mauvais dans l’exercice de prise de parole demandé. Dans ce cas deux options sont possibles :

  • Il est mauvais (ça arrive)
  • Il a l’impression de l’être (ça arrive souvent !)

Dans ce deuxième cas rappelez lui que le montage peut (presque) faire de la magie. En passant d’une caméra à l’autre ou en zoomant dans l’image, on peut gommer de nombreuses hésitations. Il est aussi possible que les propos de l’interviewé soient soutenus par des images d’illustration, ce qui rend l’édit dans son discours encore plus facile. Vous pouvez même lui proposer de visionner la prise qu’il vient d’effectuer afin de se rassurer sur le rendu. Si la personne est effectivement en difficulté, n’hésitez pas à lui proposer une pause, et à remanier le texte avec elle. Peut-être que le blocage ne vient que d’un mot ou d’une idée. Favorisez les phrases courtes. Divisez bien la prise de parole en courte séquence (une phrase, une idée). Surtout, rappelez-lui que tout sera monté et que le but est bien entendu de la mettre en valeur, seuls les meilleurs passages seront gardés. Enfin, si vous l’avez choisi pour prendre la parole sur le sujet, c’est forcément qu’il est légitime pour l’incarner.

Un peu de média training

Même s’il ne s’agit pas de passer au 20h, vous pouvez donner à vos collaborateurs quelques astuces.

  • Regarder son interlocuteur
  • S’il n’y a pas d’interlocuteur, deux options sont possibles : 1. Le regard caméra. On demande simplement à la personne de regarder l’objectif. Cette direction de regard fonctionne bien quand on souhaite délivrer un message très direct à ses collègues ou à ses équipes. 2. Le regard journaliste. Cela consiste à regarder une personne qui se tient très proche de la caméra. De cette façon, sans être fuyant le regard sera moins direct. Légèrement plus doux, ce regard a aussi le mérite de faciliter le travail de l’interviewé, car il est souvent plus facile de s’adresser à une personne qu’à une caméra.
  • Parler doucement, sans chercher à aller à l’encontre de son débit naturel.
  • Faire des phrases courtes.
  • Utiliser tout son corps (les mains, le sourire, la posture…). La majorité du message passe par le langage corporel.
  • Reformuler, ou reprendre l’intitulé des questions dans les réponses. Cette technique a un double avantage. Elle permet de faciliter le montage en rendant toute réponse exploitable même sans entendre ou devoir écrire la question. Elle permet aussi à l’interviewé de réfléchir à la façon dont il va organiser sa réponse pendant les quelques secondes où il reformule. Attention, cette technique est à proscrire quand on fait des interviews très courts pour les réseaux sociaux.
  • Bien choisir sa tenue. Au-delà du fond vert qui impose certaines choses. Il est important que la personne porte une tenue qui la représente bien, et dans laquelle elle est parfaitement à son aise.

Vendez votre format !

Le collaborateur peut être excellent en interview, il reste dépendant des choix éditoriaux que vous aurez faits. Quel format avez-vous choisi ? (Un face caméra, une conversation avec un présentateur…) Comment avez-vous choisi de placer les intervenants ? (Debout dans un décor ou au contraire assis pour une atmosphère intimiste) La vidéo sera-t-elle illustrée ? (Avec des images réelles, du motion design…) Tout cela le collaborateur n’a pas la main dessus. Il est donc indispensable de défendre le projet, de le légitimer pour convaincre qu’il s’agit du format idéal.

Par Sonia Pujolle, directrice de projet et Vincent Stilinovic, directeur associé de Reactive Production

Cet article a été publié sur le site de l’ADN.

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